Soul : Un Pixar qui nous emporte

La sortie d’un nouveau Pixar, c’est toujours un événement pour moi. Et même si une sortie directe sur Disney+ gâche un peu l’aspect « événementiel », ça reste un plaisir de retrouver le savoir-faire, la créativité et l’intelligence de cette équipe. Soul est à l’image des autres films de Pete Docter, dans le sens où, une fois le visionnage accompli, on ressent l’envie de se poser pour réfléchir aux propos du film. Si Soul n’atteint jamais le niveau d’émotion dont je le croyais capable (et qui l’aurait sans conteste, hissé parmi mes Pixar préférés), il demeure un métrage particulièrement profond et mature dans ses thématiques.

Soul raconte l’histoire de Joe Gardner, un professeur de musique afro-américain, vouant une véritable passion pour le jazz. Bien que sa passion le fasse vibrer, Joe ne se satisfait pas dans sa vie, vie dans laquelle il n’est personne et ne se fait pas connaître pour son art. Et pile lorsque l’occasion de participer à un concert se présente, notre héros a un accident, ce qui conduit son âme à être séparée de son corps. Il parvient à échapper au passage vers l’Au-Delà, mais atterrit malencontreusement dans le Grand Avant, où les âmes attendent d’être formées, pour ensuite commencer leur vie sur Terre. Notre protagoniste va alors faire la connaissance de 22, une âme n’ayant jamais voulu devenir vivante. Par la force des choses, Joe va devoir aider cette compagne de fortune à trouver sa flamme, sa passion. Et dans le même temps, il fera le nécessaire pour pouvoir rentrer chez lui.

Rien qu’en lisant le résumé, on retrouve toute la créativité qui caractérise Pixar. Et on comprend totalement quelles thématiques on peut soulever, avec de tels concepts. En effet, les sujets sont riches, et même très adultes. À travers notre héros central, nous suivons un personnage qui pense avoir raté sa vie, qui pense que toute son existence n’a pas eu le moindre sens (ce qui n’est pas sans rappeler le propos central de Là-Haut, du même réalisateur). C’est un sujet dur, compliqué, et qui touche surtout les adultes (les enfants ne se posant pas ce genre de questions). Le film nous interroge sur les raisons qui font que la vie vaut la peine d’être vécue, sur l’importance de profiter de la vie, et sur la place que nous devons accorder à nos passions. Au bout du compte, le film nous pousse à apprécier chaque instant que nous vivons, à savourer le simple fait d’être sur Terre (morale qui, là aussi, me fait penser à Là-Haut). Mais ce n’est pas le seul message que j’interprète. Soul remet également intelligemment en question le concept de « vocation ». En effet, lorsque quelque chose nous passionne, nous avons toujours cette manie de transformer cette chose qui nous anime, en but personnel à poursuivre. Une passion ne peut pas rester ce qu’elle est, elle ne peut pas simplement s’apprécier. On doit forcément la vivre comme une contrainte, comme un travail, qui doit nous prouver en quoi notre vie a du sens. Mais au bout du compte, c’est comme ça que notre passion peut se révéler aliénante. C’est un sujet vraiment profond et inédit, qui diffère des anciens messages véhiculés par le studio.

Donc, il va sans dire que le film est très profond. Et comme c’est un Pixar, il est également créatif. Le Grand Avant est un univers rempli de charme, possédant toute la douceur que l’on attend, pour un monde peuplé par de jeunes âmes. J’aime cette manière de représenter l’avant-vie, avec des esprits devant forger leur personnalité et leur flamme intérieure, avant de rejoindre leurs corps. Après, je regrette que l’on n’y passe finalement pas tellement de temps (il ne faut pas s’attendre à un univers spirituel aussi développé que celui de Vice-Versa), même si le scénario n’a effectivement aucune raison valable de s’y attarder.

Donc, on a de super thématiques, un univers créatif… On a tout pour avoir l’un des meilleurs Pixar qui soient. Pour autant, malgré ses qualités indéniables, Soul ne fait pas nécessairement partie de ces films qui donnent la larme à l’oeil. Le métrage a pourtant toutes les cartes en main pour émouvoir, mais ne s’élève pas dans les rangs des Pixar qui donnent envie de pleurer. Il serait faux d’affirmer que le film ne fait rien ressentir. Il a su faire s’envoler mon âme, notamment durant ses séquences musicales (j’y reviendrai), il a parfois su me procurer des frissons, mais il manque toujours d’un petit « quelque chose ».

En effet, malgré des idées excellentes, le scénario reste assez simple. Le récit ne nous narre pas une grande aventure (alors que même Vice-Versa pouvait prétendre à cette définition). L’intégralité de l’histoire se déroule durant la même journée, journée durant laquelle on suivra simplement Joe faire son possible pour participer à son concert (malgré divers problèmes, ainsi qu’un échange de corps avec 22). En soit, que le récit soit simple n’est pas tant un problème, le film assumant une approche plus intimiste. Ce qui déçoit peut-être un peu plus, c’est le rythme, qui est assez rapide. Le long-métrage ne prend pas assez le temps de se poser, il va souvent vite, alors que le récit se prêterait certainement à une ambiance plus posée. Par exemple, je pense que j’aurais bien aimé qu’on apprenne davantage à connaître la vie de Joe (notamment sur ce qui concerne son père), même si l’essentiel est compris. En tout cas, le rythme est certainement le point sur lequel le film frustre le plus.

En terme d’ambiance, Soul ne s’adresse pas nécessairement à tout le monde. En tout cas, ce n’est pas le Pixar le plus familial qui soit. Malgré quelques éléments qui font sourire, et certains designs enfantins faits pour être vite assimilés par les enfants, le film reste assez économe en blagues. Soul ne se revendique pas spécialement comme une comédie, et semble bien plus concentré sur ses thématiques, qui comme dit plus haut, s’adressent davantage aux adultes. Ça peut faire peur de dire que le film n’est ni spécialement drôle, ni spécialement émouvant, mais le 23e bébé de Luxo constitue tout de même une véritable expérience. Malgré son rythme soutenu, il parvient quelquefois à nous figer, à nous transporter. Lorsque ça arrive, c’est que Joe est en train de jouer. À quelques reprises, à certains instants savamment choisis, le film nous fait frissonner et maintient notre attention, comme si plus rien d’autre ne comptait.

Maintenant, parlons plus longuement des personnages! En guise de héros, nous avons donc Joe Gardner, qui est très sympathique et identifiable. À travers lui, le film fait passer des messages universels, notamment le besoin humain de s’accomplir et de donner un sens à son existence. Plus d’une fois, le personnage parvient à se révéler attendrissant, sa passion constituant un véritable moteur dans son écriture. Après, en deutéragoniste, nous avons 22. Cette âme féminine est une petite peste cynique, qui ne croit pas en la beauté de la vie. Sa caractérisation se révèle assez simple, mais contrebalance bien avec le tempérament plus passionné de Joe. À travers eux, nous suivons une opposition intéressante, entre un personnage refusant de mourir, et un autre refusant de vivre. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est qu’au fond, aucun des deux n’a vraiment conscience de la beauté de la vie. C’est leur expérience commune qui va leur permettre d’apprécier d’être vivants. On a donc deux héros relativement simples, mais qui sont cohérents avec les thématiques soulevées par le film.

Comme tout Pixar qui se respecte, on a droit à une animation absolument folle, remplie de détails, de créativité et d’expressivité. D’un côté, nous avons la ville de New York, qui est remplie de vie. Les rues sont très animées, rendant parfaitement justice à la réalité de cette mégapole. Et de l’autre côté, nous avons le Grand Avant, qui se révèle créatif tout en simplicité. C’est un univers attendrissant, plein de douceur, faisant preuve d’une certaine simplicité, pour s’adresser à de jeunes âmes découvrant le concept de la vie. Comme tout Pixar (parce que décidément, il y a beaucoup d’élément « très Pixar » dans ce film), il y a un vrai travail sur les textures, les détails de la ville de New York se perçoivent de loin. Après En Avant, dont les design étaient assez surprenants, Soul nous offre des chara-design bien plus « pixariens ». Joe a une tête que l’on prend de suite en sympathie, avec un corps très rond et très en longueur en même temps. Le jeu sur les couleurs et les lumières est également bluffant, et entre en totale harmonie avec la bande-originale.

Parce que oui, la bande-originale joue énormément dans l’identité du film. Soul est un film sur le jazz, et il rend très justement hommage à ce genre musical. Les mélodies sont prenantes, envoûtantes, et offrent une vraie identité au long-métrage. Comme je le disais, lorsque le film prend la peine de se poser, c’est pour rendre hommage au jazz. Dans ces moments-là, le film nous transporte et nous pousse à ne plus penser à rien. On sent que les séquences musicales sont particulièrement mises en valeur, pour capter notre attention et nous mettre réellement à la place de notre héros.

En toute honnêteté, Soul n’est pas tout à fait le chef-d’oeuvre que j’attendais. Je pensais qu’il le serait, car son concept mélange du Là-Haut, du Vice-Versa et du Coco, trois films qui sont dans le panthéon des Pixar de mon coeur. Ce nouvel opus n’est pas nécessairement un long-métrage émouvant, alors que son postulat s’y prêtait totalement. Le film va probablement trop vite, et ne nous laisse pas suffisamment d’attaches, pour ressentir l’envie de pleurer. Malgré tout, Soul est loin de m’avoir laissée insensible. Comme tout grand film de Pete Docter, j’en suis ressortie avec le besoin de me poser, de réfléchir aux propos tenus par le film. Soul est un film intelligent, qui nous fait nous poser des questions sensées. On en ressort différent, avec une vision plus complexe du monde. Et c’est dans ces moments-là, qu’on sait qu’on a vu un Pixar.

Pour tous ceux qui me liront, je vous souhaite une année 2021 qui écrase 2020 (logiquement, ça devrait pas être dur)… et je vous souhaite sincèrement de retrouver le chemin des salles obscures, parce que découvrir un Pixar chez soit, c’est un véritable affront envers toutes les religions du monde.

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